Repartir de zéro, avec le soutien de mon équipe

Cet article a été écrit par Yekaterina (Katya) Marchuk, Responsable de comptes, Sodexo États-Unis.

Lorsque l’on est réfugiée d'un autre pays, tout devient différent ౼ la structure sociale, nos attentes, tout. Mais l'intégration dans une nouvelle culture ne s'apprend pas dans un manuel. Mon éducation au sens large s'est faite sur le tas, en apprenant chez Sodexo.

Partir en Amérique

En 1995, j'ai quitté l'Ukraine et j'ai immigré en Amérique. J'ai laissé derrière moi ma famille, mes amis, ma langue, ma culture et tout ce que je connaissais pour devenir une réfugiée dans un autre pays. En Ukraine, mon mari et moi étions tous les deux ingénieurs, mais nous ne parlions pas anglais et nous devions trouver rapidement du travail. Nous avons décidé de repartir de zéro professionnellement, et nous nous sommes inscrits à un programme gratuit d'école de cuisine pour apprendre les compétences de base, l'anglais, et trouver rapidement un emploi dans le secteur de l'hôtellerie.

À première vue, on pourrait penser qu'il s'agissait d'un grand pas en arrière, mais, en Ukraine, la vie n'était pas facile. À l'époque, la communauté juive était traitée comme des citoyens de seconde zone. Par conséquent, j’étais constamment inquiète pour la sécurité de mon fils. Il était inscrit dans une école juive nouvellement ouverte, qui est devenue la cible de violence, de haine, et de discrimination. Devenir réfugié n’est pas un choix de plein gré et progresser dans sa carrière n’était donc plus ma priorité. En tant que famille, nous nous sommes concentrés sur la recherche d'un emploi, le paiement de notre loyer, et l'achat de nourriture.

Gravir les échelons

Après l'école de cuisine, j'ai trouvé ma voie chez Sodexo ౼ et 25 ans plus tard, j’y suis toujours ! J'ai commencé comme employée, pour le compte d'Intel. En un an, j'ai été nommée responsable, puis manager, et finalement responsable des comptes. J’ai débuté sur de petits comptes et je suis progressivement passée à des bien plus grands.

Lors de mon arrivée aux Etats-Unis, il y a 27 ans, les femmes n'avaient pas le même rôle qu'aujourd'hui. À l'époque, il fallait se battre pour être prise au sérieux en tant que femme. Et en tant que réfugiée, c'était encore plus difficile. Pour autant, abandonner n'a jamais été une option pour moi. Je me suis concentrée sur les raisons qui ont motivé ma venue dans ce pays :   la liberté et de pouvoir dormir la nuit et ne pas m'inquiéter de la sécurité de mon fils. Cela m'a demandé beaucoup de travail et de détermination, mais je n’y suis pas arrivée seule.

Une nouvelle maison, loin de chez moi

En parallèle de mon premier emploi chez Sodexo, j'étudiais à plein temps pour obtenir mon diplôme de gestion hôtelière. Dès que j'avais du temps libre, mon manager me laissait étudier. Quand nos clients ont remarqué mes livres de cours, nous avons discuté de mes études et ils ont commencé à m'apporter des livres pour m'aider ! Lorsque j'étais toute jeune responsable, mon responsable m’a énormément accompagné afin que je comprenne bien le fonctionnement de l'entreprise ౼ ces choses fondamentales que vous ne pouvez pas apprendre dans un manuel. Quand vous croisez quelqu'un qui veut que vous réussissiez ౼ et que ce quelqu'un n’est pas de votre famille ౼ c'est extrêmement valorisant et motivant.  

Mes managers m'ont poussée à assister aux réunions, à suivre des cours et j'ai profité pleinement de tout ce que Sodexo offrait. En parallèle, mes collègues et mes responsables m'ont aidée à me repérer, à comprendre de nouvelles normes sociales, et, en peu de temps, tout s'est mis en place. J'ai aussi beaucoup appris sur la communication et les échanges avec les autres en observant mon entourage. Je me souviens encore de la toute première fois où je suis allée dans une synagogue aux États-Unis. Tout le monde souriait, il ne fallait pas avoir peur, et personne n'était harcelé. Je ne l'oublierai jamais ౼ c'était un souffle de liberté.  

Aujourd'hui, je suis Area Manager et je supervise plusieurs comptes. J’encadre les responsables de comptes ౼ de la finance aux RH en passant par les missions quotidiennes. Je n'ai jamais rêvé d'être responsable ; je me suis contentée de travailler dur, d'être bienveillante avec mon entourage, de subvenir aux besoins de ma famille et de vouloir toujours me dépasser. Je voulais prouver à la société que j'avais quelque chose à apporter. Mais je n’ai rien de spécial, je n'ai rien fait d'héroïque. Regardez autour de vous, vous verrez beaucoup de gens comme moi !   

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